Préserver les ressources

Le grand cycle de l’eau

Au cours des cycles qui varient de quelques heures à quelques millions d’années, l’eau suit un parcours sans fin entre la terre et l’atmosphère. Sous l’effet du soleil, l’eau de mer s’évapore dans l’air. Elle se transforme en un gaz invisible : la vapeur d’eau également libérée par les sols, les points d’eau et la végétation. En prenant de l’altitude, la vapeur d’eau se refroidit et se condense. Elle se transforme en minuscules gouttes d’eau, qui se rassemblent en nuages. Lorsque la température change, les gouttelettes de certains nuages s’alourdissent, elles retombent alors sur le sol sous forme de précipitations liquides (pluie), ou solides (neige ou grêle).

Lac de la Madine
Lac de la Madine

 

L’eau des précipitations ruisselle alors à la surface de la terre sous forme de petits ruisseaux qui rejoignent ensuite les rivières puis les fleuves avant de se jeter dans la mer. Mais l’eau peut aussi s’infiltrer lentement dans le sol pour créer des nappes d’eau souterraines ou nappes phréatiques.

Au cours de son cycle, l’eau séjourne plus ou moins longtemps dans différents réservoirs. Elle peut ainsi rester 3000 ans dans la mer avant de s’évaporer mais seulement 8 jours dans l’atmosphère avant de rejoindre un nuage de pluie. Elle ruisselle pendant 15 jours dans un cours d’eau mais stagne 1 400 ans dans une nappe souterraine.

 

Les ressources en eau sur le territoire du SERM

La « ressource » fait référence aux eaux superficielles et aux eaux souterraines à partir desquelles l’eau potable est produite.

L’eau superficielle comprend les rivières, les torrents, les lacs… Elle peut être soumise à une forte pression liée aux activités humaines qui se traduit par des pollutions d’origine urbaine, industrielle ou agricole. Sur le plan quantitatif, cette ressource peut être affectée par des crues ou des étiages.

L’eau souterraine se trouve à plusieurs dizaines (voir centaines) de mètres de profondeur dans le sous-sol. L’eau est captée à son exutoire ou directement par forage dans le sol. Selon la nappe d’eau, son environnement et son utilisation, celle-ci peut être vulnérable aux pollutions, à la sécheresse, à la surexploitation.

Quelle que soit son origine, la ressource doit respecter des critères de qualité pour être utilisée pour la production d’eau potable. L’instauration de périmètres de protection à proximité des points de pompage des usines d’eau potable, ou la mise en œuvre d’un programme d’actions en vue de l’obtention du bon état des masses d’eau, contribuent à l’amélioration de la qualité de la ressource.

L’eau distribuée sur le territoire du SERM provient essentiellement de l’eau de surface du Rupt-de-Mad et du lac de Madine, mais aussi d’eaux souterraines issues des sources de Gorze ainsi que des champs captants de la nappe alluviale de la Moselle.

Les eaux de surface

Le lac de Madine, qui représente à lui seul plus de 35 millions de mètres cubes d’eau, et le Rupt-de-Mad, un affluent de la Moselle, constituent l’essentiel de l’approvisionnement en eau du SERM.

Exposée aux pollutions accidentelles et aux aléas météorologiques, l’eau obtenue via le Rupt de Mad nécessite des traitements sophistiqués.

L’eau est d’abord acheminée vers le barrage d’Arnaville, en Meurthe-et-Moselle. Celui-ci peut retenir jusqu’à 335 000 m3 d’eau, ce qui représente quasiment une semaine de consommation pour l’ensemble du territoire couvert par le SERM.

L’eau brute est ensuite conduite sous canalisation jusqu’à l’usine de traitement de Moulins-lès-Metz qui peut produire jusqu’à 60 000 mètres cubes d’eau potable par jour.

Suivant le débit, l’eau mettra entre quatre et huit heures pour effectuer son périple entre le barrage d’Arnaville et l’usine de production d’eau potable située à Moulins-lès-Metz.

 

Les champs captants de la nappe alluviale de la Moselle

Situés au sud et au Nord de Metz, les champs captants s’étendent sur une distance de près de 60 km entre Moulins-les-Metz et Hauconcourt. L’eau est captée par des puits dans la nappe alluviale de la Moselle et est ensuite dirigée vers l’usine de Moulins-lès-Metz pour les champs captants situés au sud de Metz et vers les usines d’Hauconcourt et de Saint-Eloy pour ceux qui sont situés au nord de Metz.

Usine d’Hauconcourt Extérieur et intérieur

1 / 2

2 / 2

Les sources de Gorze

​Les sources de Gorze représentent la plus ancienne alimentation du SERM. L’eau est envoyée à l’usine de Moulins-lès-Metz pour rejoindre celle du Rupt-de-Mad.

 

L’eau au temps des Romains

L’eau de la source de Gorze, située au fond d’une vallée qui entaille la Côte de Moselle, est dirigée jusqu’à un nymphée de la ville antique de Metz. Cette conduite de l’eau est rendue possible grâce à l’Aqueduc de Metz datant de l’époque gallo-romaine. Long d’environ 22 km (14km à vol d’oiseau), il suit les courbes du terrain pour maintenir une pente régulière. Son tracé se divise en trois tronçons, deux sections souterraines et ce fameux pont-aqueduc pour lui permettre de traverser la Moselle.

Vue du captage des sources de Gorze.

Protection de la ressource

Les périmètres de protection

Les périmètres de protection sont un dispositif réglementaire existant depuis de nombreuses années. Leur mise en place pour les captages a été évoquée dès 1902. Toutefois, il a fallu attendre la loi de 1964 pour que l’obligation de création de périmètres soit élargie aux prises d’eau de surface. La loi du 3 janvier 1992 a étendu l’application de la réglementation aux ouvrages créés avant 1964, n’excluant de son champ que les ouvrages bénéficiant « d’une protection naturelle efficace », et a fixé un délai de 5 ans pour la mise en œuvre des périmètres.

Le Plan National Santé-Environnement (PNSE) a fixé l’objectif de 100% des captages protégés au 31 décembre 2010. Cet objectif n’a pas été complètement atteint, puisque selon le Ministère de la Santé, 62,9% des ouvrages de prélèvement bénéficiaient d’une protection réglementaire en octobre 2011, soit 73,2% du volume d’eau prélevé en France. 12 435 captages restaient encore à protéger. Le deuxième Plan national Santé Environnement (2009 – 2013) a repris dans ses objectifs la protection des captages, avec un accent mis sur les eaux de surface, les périmètres de protection ont pour objectif de réduire les risques de pollutions accidentelles et de supprimer les sources de pollutions ponctuelles pouvant parvenir dans un délai bref (quelques heures) jusqu’à la prise d’eau.

La mise en place des périmètres de protection est longue et complexe. Dans un premier temps, une phase technique requiert la réalisation d’études hydrogéologiques, environnementales et technico-économiques pour apprécier la nécessité de la protection et analyser le coût global de la protection. Seul un hydrogéologue agréé, nommé par le préfet, peut définir les périmètres et les servitudes s’y appliquant. La seconde phase est une phase administrative qui requiert des enquêtes publique et parcellaire, la consultation d’administrations et du conseil de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDERST) et la mise en place de l’arrêté de Déclaration d’Utilité Publique.

 

La préservation de la ressource en eau

 

60 % de l’eau potable distribuée aux consommateurs provient du Rupt-de-Mad.

En 2016, des pics de concentration en nitrates dans l’eau brute ont été observés, c’est pour cette raison qu’a été mise en place une mission de préservation avec le recrutement d’une personne à temps plein.

Au sein d’un territoire à dominante agricole, le Rupt-de-Mad est exposé à différentes menaces combinées : les retournements de prairies, les projets de méthanisation avec le développement de cultures dédiées au détriment de l’élevage et le risque de mauvaises pratiques lors de l’épandage des digestats, ainsi que les aléas climatiques.

Des actions ont été mises en place :

– la pose de sondes qui mesurent en continu les concentrations en nitrates des ressources

– des campagnes de prélèvement lors de pluies pour identifier l’origine des nitrates.

Une démarche innovante a été engagée sur le volet agricole et filières, en lien avec l’ensemble des acteurs institutionnels du territoire Agence de l’Eau Rhin Meuse, Chambre d’Agriculture, Parc Naturel Régional de Lorraine… L’objectif est d’inciter les agriculteurs à mettre en place des systèmes de cultures plus respectueux de la ressource en eau. Il s’agit d’une part, de cultures à bas niveau d’impact, nécessitant pas ou peu d’intrants, comme l’agriculture biologique, les lentilles, les pois, le soja ou encore le sorgho. Et d’autre part, il s’agit de maintenir et développer les prairies, et donc l’élevage. Sur la base du volontariat depuis 2018, un tiers des agriculteurs du bassin versant a déjà bénéficié d’un diagnostic de son exploitation.

11 % des surfaces agricoles sont désormais en agriculture biologique. 665 ha ont été remis en herbe et 885 ha de prairies ont été maintenus.

Les exploitants peuvent bénéficier d’un diagnostic agricole gratuit, d’un accompagnement technique, d’une recherche de débouchés pour leurs productions et de paiements pour services environnementaux, subventionnés par l’Agence de l’Eau Rhin Meuse.

Afin de promouvoir l’agriculture locale, des produits sont introduits dans la restauration collective scolaire, tandis que la marque « Valeurs Parc naturel régional » valorise la viande à l’herbe. En parallèle, des études portent sur trois filières à développer : l’avoine, le méteil et la luzerne.

Des expérimentations sont également menées, comme par exemple l’utilisation de la silphie pour la méthanisation ou la transformation de légumineuses par la Conserverie locale de Metz.

 

Le Rupt-de- Mad : une ressource à protéger

Vous avez des questions ?